Odyssée de Mada 2

Publié le par hideandseek.over-blog.com

 

 

 

2-Sirene-leger.jpg

 

 

Voilà déjà 20 jours et 20 nuits que Mada naviguait seul, sur les flots tourmentés par les temps engloutis. Parti de la côte américaine en direction de Saint-Malo, le chemin in- verse emprunté par Cartier quelques siècles plus tôt, Mada se trouvait en ce moment tout juste au-dessus d’une des plus florissantes civilisations disparues : Atlantis. Berceau de toute civilisation, Atlantis rayonna jadis de mille feux. Feux de science, de philosophie, de musi- que, de poésie, de mysticisme. Feu qui embrasa le monde entier dans une spirale sapientielle ascendante au cours des longs millénaires de l’Âge d’Or de l’humanité. Mais... comment une si lumineuse civilisation put-elle disparaître et sombrer hors de la mémoire des âges?

Tout à ses réflexions, le regard perdu à l’horizon, Mada crut soudainement entendre un doux et long sifflement. Malgré un léger égarement temporaire, notre voyageur des temps se ressaisit néanmoins. Pourtant, tout juste remis d’un songe extatique, un subtile murmure lui parcourut de nouveau l’échine. Mada lâcha soudainement le grand mât du navire, haut et fier au centre du temple, le gouvernail bascula hors de sa trempe lucide, et Mada s’enfuit dans un monde sans point d’appui solide. Une silhouette lui apparut alors en rêve, esprit fantasmati-que, rassemblant en un succulent fruit, l’ensemble de ses désirs enfouis. La silhouette prit alors un masque concis, et Mada rompit avec le dernier port d’attache conquis. Il se laissa entraîner dans une danse sensuelle, enlacé au corps d’une déesse bien assurée. Cette dernière se présentait dans un mouvement ondulatoire romantique, rouge comme le vin, rouge comme le feu, rouge comme la faim ; la faim des sens, la faim des seins, la faim des membres, la faim du ventre... la vrai faim, la faim de tout.

Pourquoi ne pas suivre cette destinée de rêve? Si fraîche, si brève, si facile, si belle... Maître de son idéal, maître des dédalles, maître qui s’emballe, maître qui s’entaille, maître qui détalle.

La silhouette prit forme humaine, Femme, elle affirma : Je suis le reflet de tous tes désirs, embrasses-moi et tu te réaliseras. Je serai à la fois, mère, fille, et amante pour toi. Mère qui te réconfortera, fille que tu aimeras, et maîtresse que tu domineras. Je serai le cheval qui te supportera, l’horizon qui te guidera, l’idéal que tu viseras, l’aventure que tu conquérras, le mystère que tu pénètreras. Je serai tout pour toi, car je fixe tes désirs en un seul point, sublime et savoureux. Je t’offre ma bouche, mon cœur et mon ventre. Viens à moi, viens dans moi, et nous serons un, pour toujours. Mada était électrifié. La vitalité lui sortait par les oreilles, les yeux et les pensées. Mada était bandé. Son érection n’était pas uniquement corporelle, mais tout autant cardiaque et cérébrale. La nymphe marine s’ouvrait à lui dans toutes les sphères de son âme.

Mada se ressaisit pourtant. Il comprit l’astuce qui se jouait de lui. Il était seul sur son na- vire, au beau milieu du néant, et se laisser aller à ses fantasmes ne lui ferait jamais rien découvrir de nouveau. Il refusa de sombrer dans les eaux miroitant ses désirs en un idéal déchu. Il voulu découvrir l’autre, la femme inconnue, et non le reflet masturbatoire de l’image qu’il s’en fait. C’est ainsi que Mada apprit une nouvelle formule : « L’homme conforme à sa nature ne recherche que deux choses, le jeu et le danger. La femme étant le jouet le plus dangereux, l’aventurier recher- cha éternellement la plus lointaine des prunelles. » Ainsi parlait Mada, le dernier humain.

 

 

.

Publié dans Odyssée de Mada

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article